2024, ou la quête de la beauté
Il semble que 2024 s’annonce plus que jamais une année au service de la quête de la beauté. Quête engagée pour la clairvoyance, la douceur, la poésie, la solidarité, lutte efficace contre l’aveuglement, la violence, la vitesse, l’individualisme.
La beauté comme une boussole au cœur des méandres, une ancre accrochée au fond d’un océan d’étoiles factices. Comment avons-nous perdu ce sens premier ? En invitant le virtuel, la complexité, à remplacer l’art paisible de danser une fluide Dolce Vita, une brume collante s’est déposée sur nos esprits et nous nous piquons à des bosquets de ronces qui n’existent pas.
La beauté, un cap vers ce dont le monde a faim. Je la croyais une évidence, de m’être exercée constamment à la capturer. Elle ne l’est pas. Se concentrer sur la poésie qui entoure chaque minute, chaque millimètre, requiert de l’énergie. On s’exerce à la débusquer comme à jouer d’un instrument, travailler sa mémoire ou exceller dans une discipline.
Dans ce tâtonnement, les artistes et les explorateurs sensibles éclairent nos chemins, nous tendent leurs branches, conduisent aux clairières.
Qu’allez-vous mettre en place cette année pour vous offrir ces bains de beauté réguliers ?
Les premiers mots du nouvel ouvrage de Sylvain Tesson, déambulant en terrain celtique, définissent parfaitement ce pays recherché, le pays des Fées… les Fées « Une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d’attraper le monde et d’y déceler le miracle ».
Alors que celui-ci le recherche à l’aplomb des promontoires, la marcheuse spirituelle Linda Bortoletto, arpente depuis quelques semaines le territoire italien qu’elle a décidé de traverser du sud au nord, seule, à pied, pour partir à la recherche de l’authentique beauté de la Bella Italia, et nous la partager.
La beauté des images, des sons, des goûts, des textures, la beauté des esprits, des visages, d’instants de grâce, d’étranges lumières, la beauté de gestes, de sentiments, des êtres et des pierres. La beauté du silence, de l’observation, des souvenirs comme des rêves. La beauté ensembles, seuls, facile, immuable. Un éclair qui frappe les sens ou les précède, fourmille en dedans, inspire, redonne vie, apaise, transforme. Ce qui se sème et se cueille au fil des saisons.
Si je repense à cette année 2023, reviennent des journées semées de doutes, d’errances, d’erreurs, de recherche d’un équilibre vaporeux. Pourtant, la mémoire est sélective, et l’appareil photo aussi. Les images capturées ne reflètent que des instants de fortes expériences, d’émerveillement, de curiosité, de sérénité. De la nature, des visages, des espaces, des atmosphères qui vibrent.
A travers les voyages, les montagnes mythiques, les forêts, les glaces magnétiques, les rencontres de peuples lointains, les saumons et les ours, les mouettes et les aigles, sur les plages bretonnes et les prairies alpines, le villes foyers d’énergie, les grands froids et les étés assommés, le camping au bord de plages, les multiples cafés chocolatés, les heures d’écritures, la science et les festivals inspirants, devant trop de coïncidences qui n’en sont pas, ce monde qui rétrécit, se rencontrent encore les poètes guides, les manchots et les tortues, des îles où l’on retourne chez soi, des amis toujours là, des regards d’une seconde qui nous suivent durant des mois, des rêves qui s’esquissent, qu’on réalise, d’autres qui tiennent chaud. Et vibre cette poésie à saveur de musique, de silences, de danses, de robes, de marches dans les tempêtes, cette liberté éprouvée les pieds dans l’eau glacée.
Le quotidien se cueille dans la douceur des matins, des trains, des voix, des pages des livres, et, où que l’on soit, à l’envol de oiseaux.
Marins
Ou pas.
Alors, "la beauté sauvera-t-elle le monde"? Elle en est déjà la substance, mais la quête des "fées", plutôt qu'une autre, peut-être rassemblera-t-elle ; - )
Comments